J' ai depuis très longtemps rejoint le monde de Bergman,
l' accompagnant depuis, LA SOURCE, ma source, sur ces terrains des premiers traumatismes, terreau de tous les effrois qui ont engendré en moi tant de révoltes. Ou encore de toutes ces itin'errances du temps qui passe et qui, comme la rouille, corrode tout : les sentiments, les relations, les êtres, TOUT !
A la fois illusioniste comme lui et dénonciatrice de mes propres illusions. A la fois, non pas fragile mais fragilisée, vulnérable mais forte de mes épreuves . Distante mais toujours proche. Assurant tant bien que mal ces ambivalences.
Comme lui, enfin, je vis depuis toujours avec la mort pour tenter de l'apprivoiser.
Depuis ma naissance je crois bien où il m'a fallu pousser ferme avec les pieds pour commencer à vivre. Pressentant déjà que cette vie ne vaudrait sans doute pas grand'chose si je ne l'exaltais pas . Ce sentiment d'insistance et de rebellion ne m'a jamais abandonnée depuis. Dès notre arrivée en ce monde, le temps nous est compté, alors autant le remplir en essayant d'en faire une oeuvre, si modeste soit-elle, que ce soit sous la lumière ou dans l'ombre puisque nous n'avons que cette vie à construire, à sublimer et à défendre . Et, à l'occasion, cajoler aussi parfois dans cette attente l'inévitable échéance quand je songe à m'embarquer pour ce Paradis Blanc...
Là où le repos devient pour moi envisageable.
Non, Je n'aimerais pas qu'elle me surprenne la mort. Je préfère l'attendre, ou la devancer, ou mieux encore l'imaginer, à ta façon à toi Bergman , pour qu'elle m'accompagne dans mon Farö à moi, là où nous nous retrouverons.
Approcher et toucher cet ultime mystère,
devenue sereine et tranquille grâce à TOI .
Et fermer à mon tour les yeux .