Ainsi, chaque année, à pareille époque, la grande faucheuse au bord de la route attend son quota de Gnous qui se jettent dans ses bras, s'assomment, se brisent, s' étouffent. Elle arrive à faire 100 morts par longs W.E. C'est la grande curée garantie, sans surprise, car il ne viendrait pas à l'idée d'un Gnou de sortir de ses habitudes ou du rang.
C'est une chair à macadam le Gnou ! Et pire encore ....
La seule réponse du Gnou à ces carnages organisés tient à son obstination à ne pas perdre un jour, que dis-je, une poignée de minutes sur ses sacros saints congés payés. Il faut voir son opiniâtreté à arriver à l'heure et lieu dit. Pas question pour lui de perdre la plus petite journée sur sa réservation quand, heureusement pour lui, il peut y arriver entier. Toutefois, malgré les grands massacres régulièrement annoncés, la population du Gnou reste stable, autour de deux millions de têtes en grande période estivale.
Voilà c'est dit sauf encore ceci :
J'essaie, en vain, depuis toujours, de trouver à cette grosse bête quelque chose d'attachant en la regardant droit dans ses yeux fuyants de Gnou. Cette façon très ordinaire qu'il a d'exister, d'accepter son destin, en pestant à chaque stop et bifurcation , en acceptant, modeste, les lois de son espèce sur ces itinéraires tout tracés, fidèle en tout point à son emblème ! Sachant qu' aucune nation, aucune royauté ne le mettra jamais sur ses armes ou ses blasons. Ce dont il se fout d'ailleurs, son dieu à lui étant à tout jamais le soleil.
Non, en réalité, je n'aime pas le Gnou, ses ruades de côté, sa médiocrité, sa tête butée et son manque d'imagination à l'intérieur? Qu'il soit juilletiste ou aoûtien. Je lui préfère les drôles de zèbres qui se tiennent les côtes, quand rarement ils se croisent pour s'insulter : " et mon cul c'est du poulet ? " Le POULET, là-bas en pleine canicule siégeant dans sa cocotte-minute au prochain carrefour , entrain de virer cramoisi au bout de son sifflet, : pour tenter de ramener à la raison les Gnous éclopés, épuisés, égarés... Et qui vaquent avec leurs marmots, n'en pouvant plus, éperdus, sur les bords d' une quelconque voie dès la sortie de leur chère autoroute.