Le cinéma en tant que rêve, le cinéma en tant que musique : aucun art ne traverse comme le cinéma directement notre conscience diurne pour toucher à nos sentiments au fond de la chambre crépusculaire de notre âme....
 
Lanterna Majica 2001
 
Ingmar Bergman
Te dire une dernière fois merci pour m'avoir appris à voir à appréhender et  à comprendre le monde. A le voir autrement, à le comprendre différemment.  Pour me le rendre ainsi plus acceptable. Juste te dire merci. Voilà, c'est dit !
Mon seul regret,à l'heure où je t'écris ces lignes,c'est de constater à quel point tous ces Bobos, et autres, sont ignorants de ton oeuvre. Ma génération n'ayant pas su leur transmettre ce goût pour la confrontation métaphysique sur toutes ces questions essentielles (pour ne pas dire existencielles). A moins que ce cinéma là ne soit plus de mise puisqu''ils lui préférent des oeuvres plus accessibles et formatées.
30 Juillet 2007
Mais comment traduire ce mot en suédois ?  Et que veut dire Farö en français ?  Repli  intentionnel en des lieux déshérités mais riches de son seul soi afin de pouvoir travailler sa pensée comme on le souhaite et quand on le souhaite. Liberté de ne dépendre de personne, celle de n'être arrêtée que par ses propres limites.
J' ai depuis très longtemps rejoint le monde de Bergman,
 
l' accompagnant depuis, LA SOURCE, ma source,  sur ces terrains  des premiers traumatismes, terreau de tous les effrois qui ont engendré en moi  tant de révoltes. Ou encore de toutes ces itin'errances du temps qui passe et qui, comme la rouille, corrode tout : les sentiments, les relations, les êtres, TOUT !
A la fois illusioniste comme lui et dénonciatrice de mes propres illusions. A la fois, non pas fragile mais fragilisée, vulnérable mais forte de mes épreuves . Distante mais toujours proche. Assurant tant bien que mal  ces  ambivalences.
 

Comme lui, enfin, je vis depuis toujours avec la mort pour tenter de l'apprivoiser.
 
Depuis ma naissance je crois bien où il m'a fallu pousser ferme avec les pieds pour commencer à vivre.  Pressentant déjà que cette vie ne vaudrait sans doute pas grand'chose si je ne l'exaltais pas . Ce sentiment d'insistance et de rebellion ne m'a jamais abandonnée depuis. Dès notre arrivée en ce monde, le temps nous est compté, alors autant le remplir en essayant d'en faire une oeuvre, si modeste soit-elle, que ce soit sous la lumière ou dans l'ombre puisque nous n'avons que cette vie  à construire, à sublimer et à défendre . Et, à l'occasion, cajoler aussi parfois dans cette attente l'inévitable échéance quand je songe à m'embarquer pour ce Paradis Blanc...
 

Là où le repos devient  pour moi  envisageable.
 

Non, Je n'aimerais pas qu'elle me surprenne la mort. Je préfère l'attendre, ou la devancer, ou mieux encore l'imaginer,  à ta façon à toi Bergman , pour qu'elle m'accompagne dans mon Farö à moi, là où nous nous retrouverons.
 


Approcher  et  toucher  cet ultime mystère,
devenue sereine et  tranquille grâce à TOI .
 
Et fermer à mon tour les yeux .
Il était, dans ce domaine,  l'un des  trois  plus grands
 

Là, où en ces territoires de lumière et d'ombre, il aimait à se balader le jour et la nuit pour, au fil de ses insomnies, contempler au plus près les étoiles,  les regardant mourir l'aube à peine levée.
 

La Vie, la Mort si intimement mélées.
 

Lui, c'était ce Chevalier du 7ième sceau
 
qui vient d'en terminer avec sa formidable partie d'échecs.
 


Retour sur image,  années 60,  et plan mémorable pour cette jeune spectatrice de treize ans, saisie, harponnée, foudroyée, passionnément  séduite  le temps de ce long métrage,  dans la salle obscure d' un modeste cinéma de quartier. Rencontre qui m'imposa pour la vie cette unique certitude : la Mort est juste une transition entre quelque chose et....rien ! (?)
 

Bergman est-il arrivé de jour ou de nuit au-delà de ce rien ? A-t-il enfin la preuve de l'existence de Dieu ou de... son absence ! Bref,  a-t-il trouvé réponse à ses interrogations au bout du bout de cette existence pleine d'inquiétudes, de drâmes, de passions, de fureur introspective, là où le doute et l'amertume l'ont toujours accompagné d'un féroce appétit de Vivre et d'Aimer jusqu'à la fin.
 

L'Univers de Bergman c'est tellement le mien.
 

Tombant, à peine sortie de l'adolescence, au beau milieu de cette matière en fusion : l'entreprise d'une mise à nue personnelle histoire de revisiter mon enfance (dont ,comme lui en nos presbytères respectifs, j'ai eu quelque peine à m' affranchir ) et l'âge venant mes expériences d'adulte,  d'où ce retrait volontaire que j'aime à nommer thébaïde .